Une vie de héros ou une vie de sacrifice ?

Ma vie de missionnaire n’est pas une vie de héros, mais une vie de croissance.

Quand j’ai pensé la première fois à une vie de missionnaire à l’âge de 14 ans, je m’imaginais une vie de héros. Je lisais les livres des premiers grands missionnaires et de leurs exploits, comme Hudson Taylor, Amy Carmichael, William Carey, Gladys Aylward, Marie Slessor ... Toutes ces personnes ont transformé le monde. Je croyais que partir en mission demandait le sacrifi ce d’abandonner son pays, sa culture et sa famille ; mais qu’une fois sur place, loin de chez soi, Dieu ferait des grandes choses à travers la vie du missionnaire. Pendant plusieurs années, avec mon mari, je me suis préparée pour la mission à travers l’école biblique, des séminaires, des congrès et autres... Enfi n nous voilà partis pour le Tchad en 2006. Depuis 9 ans je suis au Tchad avec ma famille et j’ai pu constater que la vie de missionnaire n’est pas une vie de héros ! Dans une ville comme N’Djaména avec des nombreux chrétiens, tu passes assez inaperçu et quand les gens te remarquent c’est plutôt pour te critiquer d’être un « blanc colonisateur ».

J’ai pu donc constater que la vie de missionnaire était une vie de sacrifice et de sacrifi ce durable… et souvent je me suis sentie interpellée et même rebelle contre Dieu… mais chaque sacrifice m’a amené à une plus grande croissance spirituelle ! Une fois j’ai demandé à Dieu pourquoi je devais renoncer à toute la verdure et aux supers paysages de la Suisse ainsi qu’aux occasions de se promener. Je me demandais si Dieu ne savait pas que cela était pour moi un grand besoin ? J’habite dans un pays sec et désertique et dans une ville faite « de routes et de murs ».

Le jour où j’ai abandonné ma révolte à Dieu, Il m’a dit qu’il voulait construire un beau jardin dans mon coeur et que chaque fois que je prendrais du temps avec Lui ce serait comme me promener dans un magnifi que parc. Une autre fois en voyant que tout mon temps était pris par le ménage (ici il y a toujours du sable), la cuisine (qui prend le double du temps ici) et les enfants, je me demandais quelle était l’utilité de ma vie au Tchad. On dépense beaucoup de temps et d’énergie pour la survie personnelle (mon mari de son côté doit toujours réparer quelque chose) que le temps restant pour les autres est minime.

Mais là aussi Dieu m’a montré que même dans mon peu de temps disponible, je peux être un témoignage. Les voisins, le gardien, l’aide de ménage peuvent être touchés par notre vie de couple ou notre éducation. Une seule personne tchadienne touchée peut un jour amener un grand changement dans ce pays. Que de fois nous nous sentions inutiles et incapables face aux énormes besoins des enfants de la rue ! Je me disais que Dieu s’était trompé en nous donnant ce ministère ; mais Il a continué de garder mon appel et la paix dans mon coeur. J’ai appris que même si je ne pouvais pas faire des miracles, Dieu, Lui, Il le pouvait.

Je suis toujours encore en train d’apprendre à abandonner à Dieu la vie des autres, les soucis, mes désirs et réaliser que c’est au travers de la prière que Dieu peut agir et pas au travers de mes compétences. La prière et le témoignage de l’Evangile sont les clés pour un changement parmi les enfants de la rue et ceci je peux le faire ! Une fois alors que je me disais que la vie en Suisse était plus simple, plus tranquille, plus reposante… Dieu m’a appris à me soumettre à Ses plans et pas à dépendre de mes désirs égoïstes. Un jour que je me disais que l’église au Tchad ne me nourrissait pas assez, j’étais obligée d’apprendre à m’humilier et à prendre plus de temps personnel pour méditer la Parole et grandir dans la foi, en dépendant de Dieu et pas des autres.
Dernièrement nous avons eu des tensions avec une famille tchadienne et j’ai dû réaliser qu’après 9 ans au Tchad je ne connaissais pas encore la culture tchadienne. Et pourtant ceci nous a amenés à nous remettre en question, à nous laisser enseigner par Dieu et nous avons pu nous rencontrer avec cette famille et nous avons expérimenté la Grâce de Dieu qui malgré les diff érences permet le pardon et la réconciliation.

Je peux donc dire que la mission n’est pas une vie d’héroïsme et non plus une vie de souff rance. La vie en mission est une vie de croissance ! Une vie dans laquelle Dieu peut nous façonner, nous transformer, nous faire grandir. Bien sûr ceci fait mal parfois, mais nous en sortons victorieux avec Jésus et nous expérimentons l’Amour de Dieu qui nous utilise malgré nos limites et nos faiblesses, tout simplement selon Sa volonté. Nous sommes comme un vase : en soi inutile, mais Dieu y verse son eau puis Il utilise ce vase pour donner de l’eau vivifi ante à tous ceux qui sont assoiffés ! Et vous ? Allez-vous relever ce défi de croissance ? Malgré toutes les menaces qui planaient au-dessus de nos têtes. Et, grâce à Dieu nous avons pu contribuer à son oeuvre. Ce voyage aura-t-il suscité des vocations ? Peut-être bien ! Fera-t-il des émules ? Seul Dieu le sait !

Claudia Surico

(paru en Obéir ensemble n° 90, septembre 2016)

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